En 2014, notre Groupe, perdait 200 millions d’euros par mois et mettait en place un plan de survie qui avait obtenu le soutien de la CFTC. Il s’agissait de redresser le Groupe, mais aussi de garantir qu’une telle situation de crise ne se reproduise pas. Cela passait par l’abaissement du point mort, (point à partir duquel PSA équilibre ses comptes et commence à faire des bénéfices), à 2 millions de véhicules. A cette fin, PSA mettait en place la réduction drastique des effectifs (de la masse salariale), et donc du ratio Coûts salariaux/Chiffre d’affaires. Les objectifs affichés ont conduit aux plans de départs volontaires que nous connaissons encore aujourd’hui (DAEC).
Ils vous sont rappelés sur le graphique ci-dessous et complétés des résultats 2017 :
En 2017 ce ratio « coûts salariaux sur Chiffre d’affaires », a donc été abaissé à 10,3%. Nous sommes ainsi devenus le Constructeur référent (bench) pour cet indicateur !
Ce point, ainsi que l’évolution positive des autres fondamentaux du Groupe, permet aujourd’hui aux analystes d’affirmer que notre Groupe « est maintenant à l’abri d’un effondrement des marchés ». Les éléments à disposition sont effectivement révélateurs d’une situation redevenue saine et surtout pérenne :
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Sur le périmètre Peugeot Citroën DS (PCD), le point mort a été abaissé, dès 2015, à 1,6 millions de véhicules, concrétisant la baisse des coûts fixes et donc principalement celle de la masse salariale.
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La position financière nette du Groupe, après rachat d’Opel (OV), a dépassé en 2017 les 6 milliards d’euros.
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Nos coûts de production entre 2014 et 2017 ont été diminués de 649€ par véhicule.
Tout cela (et le reste) se concrétisant par une marge opérationnelle record de 7,3% en 2017 pour un objectif cible de Push to Pass de 4% en moyenne sur la période 2016-2018, et 6% en 2020.
La logique voudrait que PSA lève le pied sur les suppressions de postes « PCD ». A la lumière de ce premier semestre, il n’en est rien. Il est grand temps, maintenant, d’arrêter la baisse continue des effectifs que nous vivons depuis 2008 !
Soyons clair, il est toujours possible pour une entreprise d’améliorer sa compétitivité. La recette est, sur le papier, relativement simple, et elle est appliquée avec succès dans le Groupe depuis plusieurs années.
Elle consiste notamment à :
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Ne pas répercuter sur les effectifs les hausses d’activités (visibles, par exemple, au travers de la hausse du chiffre d’affaire), mais bien au contraire, à diminuer les lignes budgétaires correspondantes (les effectifs) des différentes Directions.
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Transférer des activités réalisées en France vers des pays à plus bas coûts de main d’œuvre. Et cela, soit avec de la main d’œuvre PSA (comme ce fut le cas pour DCOA au Portugal), soit au travers d’une prestation (comme avec DDCE en Inde ou en Argentine, ou avec la GRLC transférée en Hongrie).
Acceptables hier quand le Groupe était au bord du gouffre, ces mesures sont devenues de moins en moins justifiables au fur et à mesure de son redressement. En demander encore plus aux équipes est devenu aujourd’hui incompréhensible, voir inadmissible.
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Incompréhensible compte tenu des résultats économiques et des ratios décrits ci-dessus.
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Inadmissible compte tenu de l’impact social pour les salariés, avec des équipes surmenées et/ou démotivées. Avec le sentiment de ne plus pouvoir « bien faire son travail », voire d’aller dans le mur sans pouvoir mettre les moyens nécessaires pour éviter l’obstacle.
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Inadmissible également compte tenu du poids que représente PSA dans la société Française et donc de la responsabilité sociale de notre entreprise. Délocaliser au Maroc une activité réalisée jusque-là en France, c’est, quand bien même cette activité resterait chez PSA, concourir à la destruction d’emplois sur le territoire national, et reporter sur la collectivité, la charge correspondante (sous forme d’allocations chômage, d’aides sociales…)
Et tout cela pour gagner quoi ? Quelques fractions de points sur un ratio sur lequel nous sommes déjà les meilleurs ? Nous faire passer, peut-être, de 7,3% de marge opérationnelle à 7,8%, mais au bénéfice de qui ? Surement pas des salariés à qui on expliquera que le monde est plein d’incertitudes, et qu’il y a toujours des concurrents avec des salariés moins payés que nous, moins « protégés » que nous, et à qui on est prêt à confier l’activité…
Alors, oui, nous sommes conscients que le monde est chaotique, et non nous ne demandons pas l’impossible. Mais juste, qu’a minima, nous stabilisions les effectifs à un niveau permettant un retour à une charge de travail acceptable par tous, avec un niveau de qualité interne dont nous puissions être fiers et avec un intéressement aux bénéfices motivant.
Dire cela, ce n’est pas plaider pour la « reproduction des erreurs du passé ». Le Groupe PSA, avec le concours de tous, a profondément changé et ses fondamentaux sont excellents.
Il est maintenant temps de convaincre notre Direction que nous sommes en surrégime et que ce n’est pas en cassant le moteur que nous gagnerons la course.