Négociations Salariales 2013 : la position de la CFTC

Il est toujours délicat de parler négociations salariales en présence d’une crise majeur comme celle que traverse PSA aujourd’hui. Nous pouvons comprendre que le groupe cherche par tous les moyens à faire des économies, mais faire des économies sur le “poste salarial”, est-ce vraiment une bonne idée. Et d’ailleurs, que pèsent réellement les couts salariaux de PSA par voiture produite ?

Les chiffres divergent suivant les interlocuteurs. Ceux couramment utilisés tournent autour de 6 et 10%. Attention ces chiffrent ne prennent en compte que les charges salariales du constructeur, et non ceux de l’ensemble de ses fournisseurs. Nous ne sommes donc pas en train de prendre position ici sur le bienfondé d’une baisse du cout global du travail en France…

Dans ces conditions, demander 2,3% d’augmentation générale, tel que le demande aujourd’hui la CFTC, est-ce vraiment déraisonnable ?

Si nous retenons le chiffre le plus élevé cité ci-dessus (10%) :

  • Augmenter la masse salariale de 2,3%, tout autre paramètre étant constant, c’est donc passer de 10 à 10,23% de charges salariales.
  • L’inflation en moyenne annuelle a été en 2012 de 2% (source INSEE : ici). Nous reviendront prochainement sur ce site sur les différentes manières de parler de l’inflation et d’utiliser les “bons” indices. Retenez que les 2% de 2012, représentent, en pratique, votre baisse de pouvoir d’achat sur l’année 2012 (à salaire constant).
  • La hausse demandée, inflation déduite, n’est donc que de 0,3%. Charge théorique supplémentaire pour PSA
  • Connaitre le cout supplémentaire réel pour PSA est encore plus compliqué. Il faudrait pour cela connaitre, par exemple, la hausse moyenne de nos tarifs sur l’année et les gains de productivité obtenu grâce aux efforts de tous les salariés.

Demander 2,3% c’est être conscient des difficultés que traverse le groupe en ne demandant qu’un très modeste rattrapage de ce que nous avons perdu tout au long de l’année !

Les négociations salariales, particulièrement en situation de crise, devraient également être l’occasion, pour ceux qui ont le plus, de faire preuve d’exemplarité. Dans son message de début de l’année Monsieur Varin réclamait la fin du “chacun pour soi”. On ne peut pas d’un coté, demander des efforts aux salariés en leur expliquant que “les temps sont durs”, et de l’autre, continuer d’octroyer des parts variables pouvant aller jusqu’à plus de 100 milles euros. Arrêter le chacun pour soit c’est donc, a minima, commencer par suspendre le versement des parts variables pour les cadres dirigeants et les cadre supérieurs !

Vous trouverez en complément le détail des revendications de la CFTC pour 2013 :

AG ‘Augmentation Générale’ : 2,3%  au 1er janvier avec un talon mini de 45€

PROMO – AI ‘Augmentation Individuelle’ : 1,2%  au 1er janvier et une enveloppe spécifique pour le respect des accords ‘Egalité H/F, séniors, le personnel handicapés…’   

La prime de rentrée doit être revalorisée à  210€ 

La prime de transport et primes DECLIC doivent être revalorisée à 5% 

Une prime maîtrise à 110€  

Une revalorisation de :

  • Tous les salaires minimum d’embauche
  • Toutes les primes indexées à l’AG
  • La  Rémunération Minimum Annuelle Garantie 

Médailles du travail :

  • La part variable à  9€
  • La part fixe : Argent 160€ – Vermeil 180€ – OR 210€ – Grand OR 290€ 

Une remise à 20% pour la VVP  et le rétablissement de la prime de lancement. 

Prochaine réunion le 19 février, la CFTC défendra vos intérêts et vous tiendra informé.

Lettre ouverte à M. Varin : renoncez au versement de votre part variable, suspendez celle des cadres dirigeants et cadres supérieurs

Monsieur le Président,

Vous vous êtes récemment adressé  à l’ensemble des collaborateurs du groupe. Dans ce message de début d’année, les deux points cités ci-dessous ont plus particulièrement retenu mon attention :

« il ne s’agit pas de continuer à faire ce que nous avons toujours fait, en nous contentant de donner un coup de rabot pour diminuer nos coûts. Cette fois, cela ne suffira pas : nous traversons aujourd’hui une crise majeure. 2013 est un moment de vérité pour le Groupe. »

« L’heure n’est plus à la critique, à l’hésitation ou au ‘chacun pour soi’. L’heure est à la confiance. C’est ensemble, alignés, que nous gagnerons le combat dans lequel nous sommes engagés »

Vous souhaitez d’autre part, que 2013 soit une année de refondation, pour qu’un « nouveau PSA voit le jour ».

Comme tous les collaborateurs, je ne peux que partager votre inquiétude sur la situation que traverse notre groupe.  Comment ne pas vouloir réagir lorsque vous nous annoncez 200 millions d’euros de pertes mensuelles. Comment ne pas vouloir être solidaire lorsque vous nous présentez un plan de 8000 suppressions de postes dont 3000 en PSE sur Rennes et Aulnay.

Dans votre message, vous demandez à chacun d’entre nous de réfléchir à « ce qu’il va changer demain ». Et bien, monsieur Varin, vous voudrez bien noter qu’à ce titre, je renonce à toucher la part variable qui m’est due au titre l’exercice 2012.

Ma réflexion est simple et s’appuie sur votre demande renoncer au « chacun pour soi », mais aussi sur cette « alignement » pour « gagner le combat » dont vous nous parlez dans votre message. Comment l’ensemble des collaborateurs pourrait-il comprendre en effet que PSA continue de verser ce type de bonus à ses cadres, alors que l’avenir du groupe est en jeu, alors que vous vous apprêtez à licencier tant de nos collègues ? Comment pourrait-il encore avoir « confiance » dans leurs managers en l’absence d’une solidarité et d’une exemplarité sans faille ?

Je vous rappelle, à cette occasion, que l’organisation syndicale CFTC, à laquelle j’adhère, avait déjà fait une demande en ce sens lors des négociations salariales en 2012.

Malgré la limitation que vous y avez apportée, le montant total des parts variables distribuable aux 5 membres du Directoire et à vous-même, pourrait se monter à plus de 1,8 million d’euros. Même si ces montants sont dérisoires face au montant de nos pertes, il est des guerres qui ne se gagnent pas sans actions symboliques.

Vous aviez l’an passé renoncé à toucher votre part variable. Je n’imagine pas, alors que la situation s’aggrave et que le groupe et tous ses collaborateurs ont tant besoin de signes forts, que vous n’alliez pas plus loin cette année, en étendant ce principe à l’ensemble des cadres dirigeants et supérieurs éligibles à ce type de bonus.

Personnellement je ne suis, ni l’un, ni l’autre, mais mon analyse personnelle des difficultés que traverse le groupe et ma morale personnelle, m’ont tout naturellement conduit à faire ce choix et cela dans un esprit d’exemplarité et de solidarité. J’ose espérer que je ne serai pas le seul !

Veuillez croire, Monsieur le Président, en l’expression de ma haute considération

Bxxxxx Fxxxxx (signature “anonymisée” pour le web uniquement)

Collaborateur et Mandaté CFTC

La rémunération des membres du Directoire de PSA

Depuis 1988, les autorités financières imposent aux sociétés cotées en bourse de publier un “rapport annuel” à destination des actionnaires. On y trouve essentiellement des informations financières,  bilan, comptes de résultat, comptes consolidés, comptes sociaux, rapport de commissaires aux comptes. Dans le cas de PSA, on y trouve également des informations générales sur la société et sur ses dirigeants. Le chapitre qui retiendra  notre attention aujourd’hui concerne la rémunération des membres du Directoire. Il sera compléter en fin de semaine d’un article sur leur retraite, avec, en prime, le moyen pour vous d’accéder à l’intégralité du rapport annuel 2011. Mais revenons à la rémunérations de nos dirigeants :

Comme pour tous les cadres soumis au régime de la PVG, “la rémunération annuelle des membres du Directoire comporte une partie fixe et une partie variable fondée sur le degré d’atteinte d’un certain nombre d’objectifs qualitatifs et quantitatifs.

En 2011, la rémunération de Monsieur Varin s’établit de la manière suivante :

  • Part fixe inchangée par rapport à 2010, soit 1,3 M€
  • Part variable : 18 mois de salaire (150% de sa part fixe), soit 1,95 M€. A noter qu’à l’intérieur de ces 150 %, une part discrétionnaire de 30 % est laissée à l’appréciation du Conseil sur la performance globale de M. Varin dans la conduite du Groupe. Le solde, soit 120 %, est versé en fonction de la réalisation de ses objectifs.

Le total de la rémunération 2011 de M. Varin pouvait donc se situer entre 1,3 M€ et 3,25 M€ dans le cas du versement de la totalité de la PVG.

La rémunération 2011 des autres membres du Directoire (MM Gales, Faury, Olivier, Saint-Geours) :

  • Part fixe également inchangée par rapport à 2010, soit 618 000 €
  • Part variable représentant jusqu’à 110 % (13,2 mois) de leur rémunération fixe (soit 680 000 €), dont une part discrétionnaire de 10 % laissée à l’appréciation du Conseil (contre 30% pour M. Varin).
  • A noter que Grégoire Olivier, membre du Directoire qui exerce
    son activité à partir de la Chine, bénéficie en outre d’une prime
    d’éloignement correspondant, sur une base annuelle, à la moitié
    de sa rémunération fixe (309 000 €)

Hors prime d’éloignement, la plage de rémunérations du Directoire est donc comprise entre 618 000 € et 1,298 M€

Il est important de noter qu’en 2012 M. Varin et les membres du directoire ont renoncé à toucher les sommes dues au titre de leur PVG

Les rémunérations des membre du Directoire vous sont présentées dans le tableau ci-dessous :

Rémunérations CDG au titre de l'exercice 2011 1ère partie

Rémunérations CDG au titre de l'exercice 2011 (suite)

Rémunérations CDG au titre de l’exercice 2011

S’il est bien précisé dans le document de référence que les membres du Directoire ont renoncé à leur rémunération variable (PVG), rien n’est dit en revanche sur les rémunérations exceptionnelles présentées ci-dessus. Mais nous ne doutons pas que si certains de ses membres lisent cet article, ils ne manqueront pas de nous le préciser.

Vous noterez également avec intérêt la valorisation de l’avantage en nature des voitures de fonction…

La Part Variable expliquée à ceux qui n’en ont pas

Il existe plusieurs formes de “bonus” chez PSA. Comme souvent, les fonctions commerciales bénéficient de parts variables directement liées à leurs résultats. Faute d’informations précises nous n’en parlerons pas ici.

Mais une autre forme de prime existe chez PSA, réservée celle là à certains cadres du groupe. Dans le vocabulaire interne on parle de Part Variable Groupe (PVG)

La PVG, pour qui ?

Dans un premier temps réservée aux cadre supérieurs et aux cadres dirigeants, elle est en train d’être étendue au reste de la population cadres. Aujourd’hui, c’est plus de 50% des cadres dans le monde qui sont éligibles à la PVG (13 000 personnes) . A noter que c’est le poste qui est, ou non, éligible à la PVG, et non le salarié lui-même. Pour les cadres et les cadres supérieurs au moins, la PVG n’est donc pas inscrite au contrat de travail (nous n’avons pas d’information en ce qui concerne les cadres dirigeants)

La PVG, combien ?

Le montant de cette forme de rémunération variable est claire dans sa formule de calcul, mais plus opaque dans les sommes en jeux.

Le montant dépend :

  • pour 50% de l’atteinte des 5 résultats collectifs du groupe, fixés pour l’année (ex :la valeur du ROC, le montant des économies réalisées par PSA…)
  • pour 50% de l’atteinte de vos 5 objectifs individuels (ceux fixés lors de l’entretien annuel)

Si les objectifs du groupe ont tous été atteints et que vous avez également rempli tous vos objectifs personnels vous obtiendrez donc 100% de votre PVG

Mais 100% de quoi ? Et bien c’est là que la communication de l’entreprise devient plus “discrète”. Dans tous les cas, la PVG est exprimée en mois de salaire. Au deux bouts de l’échelle on trouve, les cadres “de base” d’une part, avec un mois de salaire, et les membres du directoire d’autre part, avec plus d’un an de PVG. Entre les deux, pas ou peu d’informations fiables. Messieurs les cadres dirigeants et cadres supérieurs n’hésitez pas à vous rapprocher de vos élus CFTC pour leur passer l’information, nous ne manquerons pas de la diffuser anonymement ici.

En attendant, rendez vous ici demain pour plus d’information sur la rémunération des membres de la Direction Générale.

 

 

Salaires, avantages en nature, parts variables… parlons en

L’argent est toujours un sujet délicat en France. Contrairement aux pays anglo-saxons, divulguer son salaire, ses avantages en nature, c’est encore prendre un risque d’incompréhension, de frustration de la part de ses collègues. Alors que la notion de “marché du travail” est passé dans le langage courant, la rémunération reste encore trop souvent associée à la valeur professionnelle du salarié lui même : Mon salaire est plus bas que celui de mon collègue alors que je suis aussi bon que lui, mais qu’est ce qu’il a de plus que moi ?

PSA ne fait pas exception à la règle. Si ceux d’entre nous qui sont en position d’encadrer une équipe connaissent les salaires de “leurs collaborateurs,” qui effectivement connait le salaire de son supérieur hiérarchique, de son collègue directe ?

A l’heure ou vont s’engager les négociations salariales 2013, il nous semblait important d’aborder cette thématique sur ce site :

La rémunérations des actionnaires épinglée par les rapports Sartorius et Secafi

Il y a deux manières de rémunérer des actionnaires :

  • Leur verser un dividende, en consacrant pour cela une partie des bénéfices dégagés cette année là.
  • Diminuer le nombre d’actions en circulation, et donc augmenter la valeur de chaque action restante. C’est ce qui se passe à chaque fois que PSA rachète ses propres actions

Les rapports Sartorius et Secafi mettent en évidence qu’entre 1999 et 2011, PSA a consacré près de 6 Milliards d’euros à la rémunération de ses actionnaires (sous forme de dividendes et/ou de rachat d’actions) . Il n’est pas question ici de remettre en cause le principe d’une juste rémunération des actionnaires, mais l’analyse des éléments présentés ci-dessous interpelle :

BPA et DPA

D’après Verimmen 2011, page 886 sur la base des rapports annuels PSA. BPA = bénéfice par action, DPA = dividende par action

La comparaison année après année du BPA (Bénéfice Par Action) et du DPA (Dividende Par Action) met en évidence que la politique de rémunération des actionnaires a été profondément changée dans la période récente :

Dans les années 1985-1996, la rémunération des actionnaires (DPA) suivait approximativement la courbe des bénéfices (BPA). La chute des bénéfices se traduisait immanquablement par la diminution de la rémunération des actionnaires.

Depuis 2002, la rémunération des actionnaires est restée constante à 1.35 €/action (lorsque PSA dégageait des bénéfices), et cela même, alors que les bénéfices de PSA diminuaient.

Épinglée par Sartorius et Secafi, la Direction Générale de PSA a répondu que, sur les années 2000/2011, l’entreprise avait dégagé suffisamment de cash pour procéder à la fois, à la rémunération des actionnaires, et à des investissement conséquents (CAPEX et R&D). Tout cela, bien sur, au service de la stratégie du groupe.

A la lumière des problèmes auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui, on ne peut que s’étonner de cette réponse. N’aurions nous pas cruellement besoin aujourd’hui, des milliards dépensés toutes ces années, milliards qui auraient pu permettre à PSA d’investir à l’international ?

On rappellera par exemple que PSA a du, pour des problèmes de cash, sursoir à ses investissements en Inde.

Mais, mieux que nous, l’expert désigné par le gouvernement, M. Sartorius, épingle dans son rapport la stratégie de PSA :

“A la lumière de la situation actuelle de PSA, ces données témoignent d’un manque d’anticipation :

  • de la mondialisation de l’industrie automobile, au début des années 2000 ; hors couverture des plans d’options, de 1999 à 2011, ce sont au total 3,082 G€ qui ont été consacrés au rachat d’actions plutôt qu’au développement du groupe.
  • de la gravité de la crise qui a démarré en 2008 sur le marché européen et qui n’a laissé place qu’à une embellie temporaire en 2010 et début 2011. Le groupe a été pris à contre-pied par le retournement du marché au 2ème semestre 2011.

Avec le recul, la mise en œuvre de la décision de l’assemblée générale d’avril 2011 de consacrer près de 450 M€ à la distribution de dividendes et au rachat d’actions paraît inopportune à plusieurs titres.

  • Tout d’abord, elle traduit un manque d’anticipation du retournement du marché qui était alors en train de se produire.
  • Ensuite, elle a privé le groupe de ressources financières commensurables aux plans d’économie qu’il a dû mettre en œuvre fin 2011 et 2012″

Édifient !

Espérons que la clairvoyance de la direction dans l’élaboration de sa stratégie de “rebond 2015” sera d’une autre tenue que celle dont elle a fait preuve ces dernières années.