Mercredi dernier M. Perrard présentait devant les organisations syndicales du Pôle tertiaire réunies en « CE extraordinaire », les grands principes de « l’évolution des modes de fonctionnement et de l’organisation » de la direction informatique du Groupe (la DSIN : Direction des Systèmes d’Information). Il s’agissait d’une procédure « d’information consultation », qui consiste à demander l’avis des organisations syndicales, sans que la direction ait à en tenir compte… A l’issue de cette consultation les organisations syndicales présentes à ce CE, ont donné un avis favorable à ce projet, à l’exception de la CFTC qui s’est abstenue, en attendant de recevoir des réponses aux questions posées en séance.
Pourquoi ne pas avoir voté contre ce projet ?
Comme évoqué ci-dessus la Direction n’a pas à tenir compte de notre avis. On peut donc se faire plaisir en votant systématiquement « contre » ce que propose la Direction, mais l’expérience prouve, y compris chez PSA, que ce n’est pas comme cela que l’on obtient des avancées pour les collaborateurs, ni même que l’on défend le bien commun.
Pourquoi nous être abstenus ?
Le document fourni comportait 9 pages, dont l’essentiel (7 pages) portait sur la description de l’organisation actuelle, et sur la justification du changement d’organisation proposé. Comme toujours, un projet de réorganisation, consiste à expliquer que demain l’on en fera plus, mieux et pour moins cher qu’aujourd’hui… Cette présentation n’a, bien sûr, pas échappé à la règle. En tout état de cause, il n’était pas de notre ressort, à ce stade, de juger de l’efficience de cette nouvelle organisation.
Certains éléments fournis sont pourtant à mettre sous surveillance et justifiaient à eux seul, que nous ne donnions pas un avis favorable à ce projet.
Comme il nous a été indiqué, il s’agit bien pour DSIN « de s’inscrire dans la réduction des frais de structure du Groupe, dans le cadre de Back in the race ». Mais, c’est une constante ces derniers mois, aucune information ne nous a été fournie sur le nombre d’emplois internes ciblé au travers de cette réorganisation, à horizon 2015/2016. C’est une question particulièrement sensible pour la DSIN, qui compte déjà, pour réaliser son activité, selon notre estimation, près de 50% de sous-traitance !
Nous ne porterons pas de jugement ici sur les modifications d’organigramme, inhérentes à toute réorganisation. Une remarque néanmoins. Lorsqu’on parle, comme c’est le cas pour DSIN, de « l’allègement de la structure », il serait bon que l’exemple soit donné au plus haut niveau. Ce n’est pas le cas ici, puisque le premier niveau de l’organisation de DSIN (celui des « cadres sup ») comportera demain plus d’entités qu’elle n’en comporte aujourd’hui (11 contre 9 aujourd’hui, en France, hors BPF).
Et, bien sûr, ce sont ces mêmes managers qui auront « sauvé » leur poste, qui viendront vous expliquer qu’ils doivent, pour de très bonnes raisons, supprimer le vôtre !
Nos interrogations, les points de surveillance :
Nous l’avons dit, le taux de sous-traitance est très important à DSIN. C’est donc une question particulièrement délicate, en particulier, lorsqu’une Direction affiche sa volonté de réduire sa masse salariale. Le document présenté en CE était particulièrement laconique sur ce point. C’est pourquoi nous avons demandé, avant de pouvoir nous prononcer sur l’organisation à venir, que nous soit présenté :
- Le taux de sous-traitance actuel.
- Les critères retenus pour fixer un taux de sous-traitance en phase avec la stratégie du Groupe et les missions confiées à DSIN.
- Le taux cible de sous-traitance et les effectifs internes prévisionnels qui en résulteront, à l’horizon du PMT.
Nous avons noté avec satisfaction, que DSIN, comme nous l’avions demandé il y a plusieurs mois, ait entamé une démarche « make or buy », de type « matrice 9 cases » déjà présentée par la DRD. Il semble que l’on parte de loin puisque les travaux sont toujours en cours…
DSIN annonce par ailleurs vouloir internationaliser encore davantage sa sous-traitance. Sur ce point, nous ne pouvons pas nous réjouir que PSA privilégie la sous-traitance à l’étranger au détriment des emplois en France. Contrairement à ce qui a été affirmé en séance, il est faux de dire que les SSII Françaises s’enrichissent a nos dépend avec des taux des marges « bien au-delà des 10% » (la marge opérationnelle des SSII Open et Infotel, très présentes, sur le Pôle, est plus proche des 3% que des 10%…). Rappelons que ces mêmes sociétés françaises, seront, ou ne seront pas, à même de proposer des emplois à nos enfants (voir aux collaborateurs « sensibles ») et achèteront, ou n’achèteront pas, les véhicules que nous produisons et vendons en France… Rajoutons enfin, que dans bien des cas, se focaliser sur le coût du travail à des milliers de km de la France, sans tenir compte des surcouts liés à ce mode de développement, relève plus du culte de l’indicateur et de la méthode Coué, que du réalisme économique…
DSIN précise dans son document qu’elle « poursuit par ailleurs la montée en compétence des collaborateurs sur des domaines stratégiques par le biais de Top Compétences comme le digital et le véhicule connecté. » De cela nous ne pouvons que nous féliciter, puisque cela fait bien partie des principes réaffirmés au travers du nouveau contrat social que nous avons signé. Mais nous savons, par ailleurs, que plusieurs embauches de prestataires ont eu lieu en 2014, sur ces mêmes périmètres. Nous voulons croire que c’est bien la démarche top compétence qui sera privilégiée à l’avenir, mais là encore il s’agit d’un point pour lequel nous attendons des engagements de la part de la Direction de la DSIN.
Comme toute réorganisation, celle de DSIN va entrainer des impacts non négligeables sur les hommes et les femmes qui travaillent en son sein. Depuis son passage en CE, M. Perrard a présenté son projet à ses équipes. Souhaitons que ses qualités d’orateur, de « meneur d’hommes », son charisme, sauront mobiliser les énergies et faire de ce projet une réussite. L’entreprise en a besoin. Le rôle d’une organisation syndicale est de veiller au bien commun, sans que cela se fasse au détriment des collaborateurs, et dans le strict respect de ce que l’on pourrait qualifier de « justice sociale ». A ce titre nous demandons :
- Que toute réorganisation sur le Pôle tertiaire, présente un bilan du ratio homme/femme des postes de management (en responsabilité d’équipes), et de veiller à ce que ces réorganisations n’accentuent pas un déséquilibre déjà trop important dans l’entreprise.
- Qu’aucun collaborateur ne se retrouve en « mobilité » sans qu’un poste ne lui soit proposé en interne. Que si tel n’était pas le cas, les exceptions soient comptabilisées et nous soient présentées.
Pour toutes les raisons exposées ici, la CFTC s’est abstenue sur l’avis demandé en CE. Nous espérons qu’à l’avenir, les autres organisations syndicales représentatives sur le Pôle tertiaire suivront notre exemple.